Semi-marathon des Landes : ma revanche
Il y a des courses qui comptent plus que d’autres et le semi-marathon des Landes en fait partie…
En 2019, alors que j’étais en prépa pour le marathon de New-York, je m’étais inscrite sur le semi des Landes pour m’amuser à domicile.
Sauf qu’en 2019 en prenant le départ, j’ignorais que :
- Au km14 j’allais ressentir une douleur atroce sous mon pied
- J’allais m’accrocher 3km avant de m’effondrer de douleur
- J’allais terminer ma journée aux urgences
- Un IRM diagnostiquerai une fracture de fatigue du talon
- J’irai à New-York en béquilles sans possibilité de courir le marathon de mes rêves
- Je devrais patienter 5 (loooonnng) mois avant de pouvoir recourir…
Depuis 2019 donc, je n’ai que 2 choses en tête : me réaligner au départ du semi-marathon des Landes et courir le marathon de New-York.
Pour ce qui est de New-York : petite case cochée puisque je l’ai couru en duo avec mon père l’année dernière.
Par contre pour le semi, il y avait toujours quelque chose qui m’empêchait de le faire : l’année dernière le marathon de Chicago, 2 années de suite, jean-Michel COVID et encore l’année d’avant le tour du Béarn.
Mais cette année : ON Y EST !!!
Cela serait mentir si je vous disais que j’ai bien vécu le vendredi et samedi d’avant course, rongée par le stress de cette expérience traumatisante.
Dimanche 8 octobre : jour de course
Comme par magie, ce matin le stress s’est envolé. Je n’ai pas d’objectif de chrono en tête, je veux me faire plaisir et surtout finir. Boucler la boucle et aller de l’avant. Comme je joue à domicile, ma fan number one : ma mère, sera sur place pour donner de la voix à tous les coins de rues. Nous avons d’ailleurs établi une stratégie : coucou numéro 1 à la passerelle, au 10km elle me donnera ma gourde, qu’elle récupérera aux alentours du km15 et m’hurlera dessus à l’arrivée.
Top départ : je pars sur des allures confortables entre 4’20 et 4’30. Très vite je double des personnes et me rapproche d’une fille que nous appellerons « madame t-shirt orange ». Je la dépasse, mais elle ne semble pas apprécier la chose et accélère pour repasser devant. Concrètement, je pourrais envoyer un peu plus pour passer devant mais cela n’a (selon moi) aucun sens puisque nous sommes qu’au km3.
Comme prévu, proche de la passerelle, je retrouve ma mère qui limite m’engueule « tu me dépasses ce t-shirt orange !! » Je ris… t’inquiètes, elle est dans mon viseur…
du km6 à 10 j’ai un coup de mou, je trouve ça long, je me fais doubler, je pars un peu en live dans ma tête et je ne vois plus DU TOUT madame t-shirt orange.
J’arrive au niveau de ma mère, le passage de gourde est digne des plus beaux relais, elle m’encourage et me donne rdv au km15.
A peine 2 minutes plus tard, alors que nous sommes sur un bout de piste cyclable j’entends « tuuuut tuuuuut tuuuuuut ALLEZ CHARRRRLOOOOOOOOOTTE » ma mère qui passe par là en voiture… Je suis morte de rire… si des gens avaient un doute sur mon prénom….
Ce passage de piste cyclable me fait beaucoup de bien, on rattrape les marathoniens partis 1h plus tôt. Doubler des gens me redonne un petit coup de boost et très vite j’atteins le km15.
Ma mère est là, je lui lance la gourde, j’entends « poc » et le mec rire derrière moi. Je me dis qu’elle a dû rattraper la gourde en plein vol et que ça a dû être super stylé comme scène. (Elle m’avouera à la fin de la course avoir pris la gourde en pleine tronche)
Du km16 au sprint final
Tiens tiens… Mais qui vois-je ? Madame t-shirt orange ! Petit à petit sans me précipiter et en gardant mon rythme, j’ai réussi à combler l’écart. Arrivée à son niveau elle me dit « bah tu as fait une sacrée remontada » (tkt meuf t’as rien vu encore)
Je tente une petite accélération sur 500m pour voir si elle me suit ou pas… je reste seule 2 minutes puis elle revient à mon niveau. Okay, elle en a encore sous la pédale. La preuve : elle se met à me parler. « est-ce que tu sais s’il y a beaucoup de filles devant nous ? » « Tu as déjà fait ce semi » ? « Le parcours n’était pas le même avant » » Oh..Tu l’as connais ? » « Oui, c’est ma tante… » Je réponds par politesse mais j’ai pas DU TOUT envie de papoter ! A force de tchatcher, j’apprends qu’elle a 37 ans… 37 ans comme moi… team 86 et donc Master 0 aussi…
On court ensemble jusqu’au km20. Arrivées à la dernière passerelle, j’ai un coup de moins bien….ce faux rythme à jouer au jeu du chat et de la souris m’a bousillé les cuisses. Elle s’éloigne petit à petit. Dernier 300m, elle est toujours loin devant et je me dis que ce n’est pas si grave si je passe la ligne d’arrivée après elle, que mon but était avant tout de finir la course… Au même moment, sur un dernier effort, un mec nous double et mon cerveau vrille…
… Mais comment ça c’est pas si grave ? Mais enfin Charlotte, 4 ans que tu attends cette course… les mots de ma coach me reviennent « tant qu’on a pas tout donné on a rien donné »
D’un seul coup il est hors de question que madame t-shirt orange passe la ligne d’arrivée avant moi…sauf qu’il reste moins de 100m, il va falloir accélérer fort ! Je la vois se retourner à gauche pour savoir où je suis, je pense qu’elle ne doit pas me voir car elle se retourne très vite à droite. Elle me voit débouler comme un boulet de canon et décide elle aussi de faire la bagarre du sprint final. TROP TARD, je suis déjà lancée, je serre les dents comme never, je passe la ligne 2 secondes avant elle et termine ce semi en 1h35.
La fin de l’histoire est plutôt cool, car nous avons discuté après et fait une photo pour immortaliser l’instant.
Qui dit petite course, dit récompenses par ordre d’arrivée mais aussi par catégories…. jamais 2 sans 3 pour cette année 2023 où je termine 1ere des M0. Ça valait le coup de se battre non ? Même si… encore une fois… ni pâté, ni foie gras ! Les choses se perdent non ? haha
Merci du fond du coeur à tous ceux qui m’ont encouragé et envoyé des petits messages avant, pendant et après la course… Vous savez à quel point il était important pour moi de clôturer ce chapitre !
L’heure est maintenant à la prépa marathon… VALENCIA nous voilà !
ps : la vidéo recap du semi est ici
