Marathon de Londres : mon 2ème major

Il y a pile poil 10 jours, j’étais au départ du marathon de Londres…

Entre les reports du marathon liés à la pandémie mondiale, la covid-19, mes 3 prépas et les blessures… On peut dire que le parcours jusqu’au jour J aura bien été semé d’embuches !

Mais les gars, cette fois je peux (enfin) vous dire que je suis FINISHER du marathon de Londres ! J’accroche ainsi ma 2ème étoile au tableau des majors marathons !

Je ne vais pas revenir sur mon état de forme au moment de la course, ni sur comment j’ai réussi a lever des fonds pour la Royal Osteoporosis Society car nombreux d’entre vous connaissent la situation et/ou on déjà visionné la vidéo ci-dessous.

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait, je vous invite à cliquer ci-dessous avant de lire le résumé de la course.

Marathon de Londres : J-1

Je suis arrivée la veille à Londres après le boulot par un vol direct depuis l’aéroport Lourdes-Tarbes (48 euros l’aller/retour + parking gratos sur place)

Pour le weekend, je suis logée chez mon amie Soso qui vit sur place.

D’une part je suis surexcitée de la retrouver et d’autre part rassurée d’avoir quelqu’un sur qui m’appuyer du côté « organisation/déplacement » de la force.

Le samedi matin, alors que la ville et ma copine dorment encore, je profite d’aller courir 20 petites minutes dans le parc tout proche de chez elle. Au fur et à mesure que le jour se lève, je croise de plus en plus de coureurs qui, comme moi,  font le fameux « run de déverrouillage » d’avant course. L’idée est de se dégourdir les gambettes avant le grand jour.

De retour à l’appart, douchette et nous partons récupérer mon dossard au centre ExCel. Le métro est BON-DÉ de futurs marathoniens et sur place c’est encore pire, j’adore !

Comme je l’expliquais dans le live, cette année pour limiter les points de contacts et les rassemblements, il faut déposer son « kit bag » (sac du coureur) avec les affaires que l’on souhaite retrouver à l’arrivée, ici au centre exCel. Une fois les 42km courus, le sac nous attendra sagement après la finish line avec la médaille et le t-shirt du finisher dedans.

Kit bag déposé, dossard récupéré, nous rentrons manger. Le temps se gâte, il se met à pleuvoir des trombes d’eau ! L’après-midi se passera au calme et au chaud à l’appart.

Marathon de Londres : Jour J

Nuit très courte, peu importe today is THE DAY ! Celui que j’attends depuis si longtemps.

Métro – pause wc – arrivée sur place !

La pluie de la veille a laissé place à un merveilleux soleil, l’air est frais, bref les conditions sont parfaites pour courir.

Soso m’accompagne jusqu’au dernier endroit où il est possible d’aller pour un « non coureur ». Avant de me laisser, elle me sert fort dans ses bras et me glisse des petits mots d’encouragement « tu vas y arriver, tu vas le faire et s’il le faut je te porterai sur mon dos jusqu’à la ligne d’arrivée ! »

london marathon red start
marathon de londres red start

Que c’est bon d’avoir des amies comme ça ! Nous nous séparons, je sais que la prochaine fois que je la verrai, cela sera au km 10.

La veille, nous avons décortiqué le parcours dans tous les sens : 10ème km – semi – 38ème puis une fois la lignée d’arrivée franchie, rdv à l’obélisque ou entre les 2 fontaines sur trafalgar square.

Je passe les contrôles et atterris dans un immense parc. Il y a un monde pas possible, on dirait un festoch géant mais sans scène.

Tout est super bien organisé et indiqué : wc, ravito en eau, panneaux indiquant les « waves » et même un écran géant qui nous permet de suivre le départ des athlètes en fauteuil puis des élites.

Le speaker nous chauffe à bloc et propose à quelques runners de diffuser leur chanson préférée dans les hauts parleur. C’est parti pour Uptown Funk de Bruno Mars. Immédiatement je vois tout le monde se dandiner ou chanter, c’est trop chouette.

L’ambiance ce matin est vraiment particulière, la joie de tous se retrouver après un si long moment sans courir se lit sur les visages.

9h37 ouverture de mon sass, nous marchons vers la ligne de départ et déposons au passage nos affaires chaudes (adieu kway jaune fluo) dans les bacs pour la charity. La marche se transforme en « trottinage » puis de « trottinage » nous nous mettons à courir, passons sous l’arche,  j’enclenche ma montre : top départ du marathon !

Comme pour Berlin, je ne réalise pas que je m’élance pour 42km195 !

« Ne pas partir trop vite, garder du jus pour la suite. » malgré l’euphorie générale, j’essaye de ne pas me laisser entrainer par ceux qui partent à fond les ballons.

Km3ou4 nous passons sous un pont, un groupe avec des tambours est là, ça résonne dans tout mon corps, je cours en souriant comme une abrutie. L’ambiance est exceptionnelle, il y a des spectateurs partout ! Aux balcons sur les trottoirs, aux terrasses des cafés… partout ! MON DIEU QUE C’EST BON !

Parfois les rues se font étroites et nous piétinons mais je fais l’effort de rattraper les secondes perdues.

KM 10 : déjà ! Cutty sark

Je reconnais les lieux puisque le parcours du vitality big half (semi de tous mes records) y passait. Je sais que Soso est quelque part parmi toute cette foule. J’écarquille les yeux quand soudain « ALLLLEZZZZ ROOOOOCOOOOOOOO » 

Gé-nial ! Prochaine fois, après le pont à droite au niveau du kilomètre 21.

runner london
les soeurs coquillettes run
running les soeurs coquillettes

Les kilomètres s’enchainent si facilement, déjà 15 puis 20 sur le tower bridge. L’ambiance monte encore d’un cran… les frissooooonnnns !

Après le pont, on tourne à droite. Là, la route est coupée en 2 puisque nous allons faire comme une sorte d’aller-retour. Quand j’arrive à ce niveau, déjà les élites sont visibles en sens inverse… INCROYABLE leur vitesse !

21-22-23 et pas de Soso. Je me dis qu’elle a dû galérer avec le métro… La pauvre, pour elle aussi c’est la course aujourd’hui ! (en fait elle était de l’autre côté de la route mais je ne l’ai ni vue ni entendue)

tower bridge
tower bridge marathon

KM25 : tout continue de se passer à merveille. Je mange tous les 8-10km mes petites energy balls maison, je bois tous les 5km ou quand j’en ressens le besoin grâce à ma gourde. Je me surprends à me dire que je suis aussi bien que dans mes sorties longues du dimanche. A ce rythme là, le marathon sera vite plié !

KM26 : le début de la fin.

Alors que j’ai dépassé le km26 depuis environ 200m, d’un seul coup, je me mets à avoir super froid, des fourmis dans les mains et une envie de pleurer incroyable. A cela s’ajoute des pensées négatives vraiment intenses « 26km ? c’est tout ? non mais là c’est fini tu ne vas pas y arriver, c’est encore tellement long, tu vas marcher, c’est fini, tu ne vas pas aller au bout »

Euuuuuhhh ?? Mais enfin Charlotte, il y a 500m tu étais en feu ! Ressaisis-toi !

Je sais qu’avoir des pensées négatives est hyper mauvais. Donc je ne les écoute pas et me concentre sur le positif. Mon talon tire, mais il tient le choc, il fait beau, l’ambiance est géniale, même si mon rythme faibli un peu, je sais que j’ai une petite marge d’avance, le RP est toujours envisageable et dans quelques km, je sais que je vais croiser le stand de la Royal Osteoporosis Society.

KM30 : j’entends une voix super aigüe « yyyeyyyyy Charlooooooootte » C’est Rachel de l’asso ! Les voir me booste à mort et au passage je leur fais un grand coucou. Le coup de boost n’aura duré que quelques mètres…

A partir du kilomètre 30 une guerre interne se déclenche. C’est une lutte contre mon corps qui me lâche et mon cerveau qui refuse.

A partir du km 30, je ne vais pas vous mentir j’ai vécu l’enfer. 

Et à partir de ce fameux km30 je n’ai fait que me répéter  » Cinq, Cinq et deux. Cinq, cinq et deux, Cinq cinq et deux. Puis passé un km Quatre, cinq et deux… Quatre cinq et deux… » et ainsi de suite.

Arrivée à 3 – 5 et 2 je me fais la réflexion que le total fait 10. Mais j’ôte vite ce calcul de ma tête car 10km c’est bien plus que ce que mon corps peut accepter.

40eme km marathon
marathonienne les soeurs coquillettes

Plus j’avance et plus les fourmis, se font intenses, vous savez cette sensation comme quand on va tomber dans les pommes. Je pense à une hypo du coup j’essaye de remanger une energy ball, mais je la recrache de suite, elle me donne plus envie de vomir qu’autre chose. Je suis en hyper ventilation et les larmes commencent à me monter.

Je refuse de pleurer, je refuse de me laisser envahir par tout ça. Je lutte déjà assez, si en plus je pleure, je ne pourrais plus respirer. Mon seul objectif à présent est de continuer à courir sans m’arrêter même à un rythme hyper lent.

km38 : ROCCOOOOOOOOOOO ALLEZ ALLEZ ALLEZ ! ON FINIT ENSEMBLE JE SUIS AVEC TOIIIIIII !

C’est le retour de Soso ! Je suis si heureuse de la voir. Je voudrais lui dire que je n’en peux plus, que je ne comprends pas ce qu’il se passe. Mais je me contente de la regarder courir le long du trottoir et de puiser mon énergie dans son regard.

KM40 : l’ambiance est de plus en plus folle, les gens nous hurlent dessus, ALLEZ CHARLOTTE 2 km !

KM41 : 1 mile TO GO

Ce n’est plus quelques fourmis que j’ai dans les mains mais des fourmilières entieres dans la totalité des bras.

600m… 400m…200m…

Je me souviens avoir pensé « c’est encore loin ? »

La ligne d’arrivée est en vue, je crois avoir serré les points, j’ai voulu comme les autres autour de moi, comme je l’ai fait à Berlin, accélérer, tout donner sur les 195m derniers mètres… Mais mon corps lui, n’a pas voulu.

Je passe la ligne d’arrivée complètement sonnée. J’éteins ma montre qui indique 3h40’11. J’ai pensé « ah ouais je m’attendais à bien pire »

Je fais 3 pas et là… J’éclate en sanglots. Je ne sais pas si un jour j’ai pleuré aussi fort. J’ai dû effrayer les gens car beaucoup sont venus me demander si j’allais bien et si j’étais blessée. Mais oui ça va. Je pleure je pleure je pleure, je suis inconsolable. A un moment donné, je pense que ça se calme et non baaamm ça me reprend ! Je récupère mon « kit bag » félicitée par les bénévoles. Je l’ouvre, prends la médaille, la passe autour de mon cou et… Rebelotte. A nouveau d’énormes sanglots. Alors que je me dirige vers la sortie, d’un coup, comme c’est arrivé. Tout s’arrête et je ne pleure plus. Incroyable !

Nouvelle mission : retrouver ma Soso. Je galère à marcher, j’ai vraiment mal en bas du ventre. Je me positionne, comme prévu à l’obélisque.

En l’attendant, je remarque un mec qui attend lui aussi avec un maillot de l’équipe de France de foot. C’est rigolo, je me suis tatée à le mettre moi aussi pour courir aujourd’hui. J’entamme donc la conversation, en me disant qu’il est forcément français. Bingo ! Je fais la connaissance de Yoann de Marseille qui vient de péter son record. Lui aussi attend sa copine. On papote on papote, j’en profite pour lui demander si je n’ai pas du mascara plein la tronche et il me dit que ça va. Au bout de 30min, je commence sérieusement à avoir froid et décide d’aller au point de rassemblement numéro 2 : les fontaines de trafalgar Square.

Nous échangeons nos insta et je quitte Yoann. Je marche telle une mamie de 99 ans vers la fameuse place… où près de 40 000 personnes ce sont aussi données rendez-vous haha !

Je suis en train de réfléchir où me poser quand j’aperçois ma Soso. Ouiiiiiiii ! Comme sur la ligne de départ, elle me saute dans les bras « You did it ! Congratulations !!! » Putain mais elle a raison ! Je l’ai fait ! Je l’ai fait !!!

course a pied marathon

Bon bin… il faut rentrer maintenant… A un tout petit rythme, nous avons attrapé le métro le plus direct pour rentrer jusque chez elle. Puis après une douche que je place dans mon top 3 des meilleurs douches de ma vie, nous nous sommes allongées avant d’aller MANGER !

Si immédiatement après la course je ne pouvais rien avaler. Je peux vous garantir que 5 heures plus tard, mon estomac s’est bien réveillé !

J’avais repéré une pizzeria sans gluten du nom de Rossopomodoro.

Nous n’avons pas été déçue ! Mama que c’était bon !!!! Pour son amour et ses encouragements inconditionnels, pour son quasi semi-marathon marché/trottiné j’invite mon amie qui l’a LARGEMENT mérité. Au passage je la chauffe même à s’inscrire à une petite course… Affaire à suivre.

Après le diner, nous nous promenons un peu, puis rentrons à l’appartement. Si Soso va se coucher directement, de mon côté je suis encore shootée aux endorphines et même si demain le réveil va sonner tôt pour rentrer, je commence à répondre aux milliards de messages trop mignons que j’ai reçu, puis je pars me coucher en me refaisant le film de cette incroyable journée.

finisher marathon de londres
FINISHER

Merci infiniment à toutes les personnes qui ont cru en moi et ce depuis le lendemain de ma blessure au semi des Landes. Merci à tous ceux qui ont donné ne serait-ce que 1 euro pour l’asso.

Oui, 3h40 n’est VRAIMENT pas le temps que j’espérais voir sur ma montre à l’arrivée du marathon de Londres. Oui je gamberge encore sur ces 10 derniers km… Au final que s’est il passé ? Probablement un mélange de déraillement de la thyroïde + les hormones en l’air complet. Oui ça fait chier, mais quelque part ça veut dire que ça bouge et que je suis sur la bonne voie pour retrouver la santé.

On peut pas péter ses records à chaque fois, pour une reprise et pour quelqu’un qui ne posait plus le pied par terre 3 semaines avant le départ, je me dis que c’est pas si mal au final…

Spécial thanks à ma famille qui m’a accueillie telle la vainqueur du marathon quand je suis rentrée, merci à tous ceux qui ont suivi le tracker et pété les plombs lors des bugs de synchronisation, merci à la Royal Osteoporosis Society pour leur formidable travail, j’ai été honorée de pouvoir vous représenter tout au long de la course…

Merci à mon chéri, à toi Soso pour ton semi et pour avoir été cette amie parfaite tout ce weekend et bien sûr, merci à toi Suzzy… L’aventure est loin d’être finie…

Pour revivre cette journée intense en 3 minutes top chrono… c’est par ici :

Marathon de Londres… Je reviendrai !

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