Ma presque victoire au semi des Landes
J’ai longtemps hésité sur le titre de cet article.
Qu’écrire ? Que choisir pour raconter cette course qui, comme vous le savez déjà sans doute, n’a pas pu aboutir…
Et puis, je me suis ressaisie. J’ai décidé, comme j’essaie de le faire dans la vie en règle général, de voir le verre plutôt à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide.
Retour donc sur ma (presque) victoire au semi des Landes…
Comme vous le savez, je suis originaire des Landes, de Mont-de-Marsan pour être précise. Montoise de pure souche, c’est pourquoi, j’avais décidé de participer pour la 2ème année consécutive à la grande fête du marathon des Landes.
Depuis 3 ans, les organisateurs mettent tout leur cœur dans la préparation de super événement. Au programme :
- Marche
- Marathon (solo ou relais)
- Semi-marathon
- 10km
De quoi permettre à chacun de trouver son bonheur.
Pour ma part, j’avais choisi le semi-marathon : ma distance favorite. Trois semaines avant New-York, c’était la distance parfaite pour me faire plaisir …. Dans ma ville natale !
Et tout le monde était de la fête : ma mère, ma sœur, ma meilleure amie, mon amie jojo, mamie… Toutes bien décidées à donner de la voix au bord de la route et à partager un méga brunch à l’arrivée.
JOUR J
Je me lève de méga bonne humeur, il fait super bon, le soleil brille, bref une journée trop cool s’annonce. J’ai demandé à ma mère de me déposer bien en avance au centre ville car j’ai envie d’encourager les futurs marathoniens et les marcheurs sur la ligne de départ.
En partant je plaisante avec ma grand-mère qui s’étonne de me voir partir si tôt et lui lance “Bon allez j’y vais, c’est pas tout mais j’ai une course à gagner moi…” Si j’avais su !
Sur place, l’ambiance est déjà bien joyeuse. Les bénévoles croisés ont le sourire et toujours le petit mot qui fait plaisir.
Pendant l’échauffement, je croise un copain, Nico, que je n’ai pas vu depuis des années ! Lui, s’aligne sur le 10km. Nous papotons un peu, je lui confie mon petit souci au talon qui est apparu dimanche dernier, mais rien de bien méchant, plus une gêne qu’une douleur… Je discute également avec des instacopines runneuses tout en faisant la queue pour le fameux “pipi de la peur”. Elles ont choisi Mont-de-Marsan pour courir leur 1er semi !
10h00 cette fois c’est à nous !
Top départ. Pour UNE fois, je pars pas à fond les ballons ce qui me permet de ne pas être essoufflée comme une tarée. Je me cale très rapidement avec une jeune femme nommée Nelly et un monsieur.
Je sais qu’elle s’appelle comme cela car c’est écrit sur son t-shirt. Je sais également que l’année dernière, elle avait fini 4ème en 1h34 juste devant moi.
1h34 ça serait parfait comme temps ! Je lui emboite donc le pas. Pendant quelques kilomètres, nous jouons un peu au jeu du chat et de la souris. Visiblement super à l’aise en côte, elle me distance à chaque fois que ça monte. Sur le plat, je reviens et en descente je passe devant…
Je reste donc avec elle et ce monsieur qui râle un peu et rigole à chaque fois qu’on croise des spectateurs car tous ont un petit mot sympa pour nous “allez les filles, allez bravo c’est super” mais rien pour lui…
Un peu avant le 7ème km, je me sens super bien, je profite donc de la descente pour accélérer un peu. A l’entrée du stade, je sais que Nelly n’est pas loin car j’entends les spectateurs l’encourager.
Tour de piste : “Allez Charlotte c’est comme un fractionné de 400m, tu sais le faire…”
A la sortie du stade, nous remontons dans des quartiers que je ne connais que trop bien puisque ma mère habite à cet endroit. Dans un virage, un bénévole me dis “Bravo la première des filles !”
Je ne relève pas car je suis sûre qu’il s’est trompé. Puis 200m plus loin, rebelote…. “Mais ENFIN ?!”
Ma mère et ma sœur m’attendent au kilomètre 11 et savent pertinemment que les dossards rouges correspondent au semi-marathon, je verrai bien si elles me disent quelque chose.
“Allez ma caille, tu es première” “Allez ma sœuuuuur”
WHAAATTT ? Mais c’était donc vrai ? Mais comment est-ce possible ? J’ai pourtant vu des filles vêtues de leur maillot de club partir comme des fusées… A moins qu’elles ne faisaient le 10km ?
Pendant quelques kilomètres c’est la fête du slip dans ma tête ! Je m’imagine à l’arrivée en train de faire coucou à ma meilleure amie qui vient pour la 1ere fois me voir, je m’imagine le dire à mon coach, à mon père, à mes collègues, à mon chéri… Je me dis que ça serait génial de gagner ici à Mont de, chez moi, je pense même à la tête que je dois faire à l’arrivée, est-ce que je souris ? ou est-ce que je lève les mains au ciel ? Il y aura sûrement un photographe… Non ?
Si je maintiens cette allure, je finis en 1h33 ! C’est fou, je ne pensais pas avoir retrouvé mon niveau du début de l’année et le fameux RP fait à Londres. Pourtant, d’après mes temps de passage, on dirait que si ! Mon coach n’avait cessé de me dire “ça va le faire, fais-toi confiance et surtout prends du plaisir”
Je sors de mon flou et c’est déjà le 13ème km ! Inutile de se mettre la rate au court-bouillon, tu n’as juste pas à te faire rattraper ! D’ailleurs où est Nelly ? J’ai beau me dévisser la tête dans les virages, je ne la vois pas et je n’entends pas non plus les spectateurs dire son nom… Bizarre !
Je suis en revanche toujours avec le monsieur du départ, qui inquiet en apercevant un panneau 10km me dit “attend tu as combien à ta montre là, on a fait que 10 bornes ?”
Je le rassure en lui disant qu’on arrive au 14ème…
C’est à ce km que ma douleur se réveille d’un coup ! Une douleur hyper aigüe et puissante, rien à voir avec la petite gène de la semaine dernière.
14,5 km ma mère et ma sœur qui ont traversé la rue, m’y attendent. Elles voient bien que je boite, et je leur signale que j’arrive à peine à poser le pied.
15ème km, je m’arrête mais c’est pire ! Je décide de repartir… Je ralentis ralentis ralentis, chaque pas est un calvaire…. C’est une douleur atroce, chaque cm carré de mon pied est en souffrance.
Les runners “hommes” qui me rattrapent me disent de ne pas lâcher, que la 2ème est super loin à au moins à 1/1,5km… Je me raccroche à cette idée !
Je repense aussi à cette personne qui, un jour m’avait dit alors que je débutais la course à pied “Ouais… Bon…. Tu ne gagneras jamais une course quoi…”
16ème, je hurle de douleur, mais je ne veux pas lâcher, pas maintenant, pas si près du but…
17ème je pleurs en courant, les secouristes de la sécurité civile me demandent si ça va, si je veux de la glace mais je réponds que non et continue.
17,77 je m’effondre, je ne peux ni marcher, ni effleurer le sol avec mon pied gauche… Je fonds en larmes et tout se mélange dans ma tête : Pourquoi ? Si proche de l’arrivée ! J’allais gagner ici à la maison, c’était improbable mais j’allais le faire… Il n’y aura donc pas de sourire, de bras en l’air ni de photos à l’arrivée, encore moins de sms à mon coach et à mon père… Puis d’un coup… Et mon marathon à NYC ?!
De nombreux coureurs s’arrêtent “Allez viens, on finit la course ensemble” c’est trop chou mais je ne peux pas, je ne peux plus faire un seul pas ! Un spectateur garé là me propose de me ramener 700m plus haut, au fameux camion de la sécurité civile…
Je vois les filles que j’ai doublées passer, puis Nelly qui m’encourage à continuer… Je ne savais pas qu’elle connaissait mon prénom, je trouve ça trop sympa, mais je lui explique rapidement que c’est impossible.
Je suis donc prise en charge par des secouristes adorables qui me disent des mots doux, ils essayent même de me faire rire, mais je suis fermée comme une huitre…
Ils me rapatrient vers l’arrivée où je retrouve mes amies et ma famille. Le médecin sur place me parle d’épine calcanéene, d’aponévrosite plantaire… Des mots complétements inconnus de mon vocabulaire. Il me conseille d’aller faire une radio au plus vite.
Nous partons donc aux urgences… Et en ressortons 2h plus tard avec une radio qui ne montre rien…
UPDATE :
Finalement, 1 semaine plus tard, un IRM a démontré une fracture de fatigue du calcanéum (talon) … Oui une fracture de fatigue ENCORE !
Pourtant cette fois j’avais bien fait attention à ma prépa, je ne me sentais pas fatiguée, j’étais en forme et super déter pour NYC…
Pendant 17 jours, je n’ai cessé d’y croire, croire en une guérison éclair afin de pouvoir m’aligner au départ du marathon de mes rêves. Bien évidement, cette guérison miracle n’a pas eu lieu. Il m’aura fallu 3 mois pour remarcher correctement et commencer à trottiner. Nous sommes allés à New-York, les billets, le Airbnb étaient réservés depuis 1 an ! Et ces vacances en famille ont été incroyables même si je n’ai pu participer au marathon que du côté spectateur de la force.
Cet article arrive à sa fin, et avant de conclure, je voulais remercier beaucoup de personnes….
D’une part les organisateurs de la course qui ont fait un travail fantastique ! Les coureurs, passants, bénévoles pour le soutien, les encouragements durant et après la course.
Ma mère, ma sœur, Jenny, Jojo pour leur patience aux urgences… Nous avons brunché tellllllllllment tard à cause de mes histoires…
Mon chéri pour sa gentillesse et son calme légendaire, j’ai conscience d’être une vraie plaie incapable de rien faire seule depuis dimanche…
Nelly… Qui grâce à la magie des réseaux sociaux a trouvé mon compte Instagram et m’a envoyé un message tellement sympa ! Nelly sache que si tu passes par ici, ton message m’a énormément touché !
Et enfin… VOUS tous qui m’avez envoyé des sms, messages privés sur insta, facebook, en story, appels, pigeons voyageurs… Et qui continuez de le faire quotidiennement ! GROS LOVE sur vous !
MONT DE MARSAN…. SEMI DES LANDES… JE REVIENDRAI !
Bon rétablissement….En te souhaitant…un bon voyage à New York…Au plaisir de te retrouver en pleine forme sur une épreuve des Landes ou d ailleurs….Prends soin de toi….Alain Létard….Speaker du marathon….et du Moun….
Bonjour Alain, merci beaucoup pour ce gentil message ! Je compte bien vous recroiser très bientôt ! A très vite sur une nouvelle course et merci pour vos animations au micro toujours très appréciées !!
J’ai également couru le semi marathon de Mont de Marsan et j’ai bien couru pour une vieille de 53 ans ! 1h54 et des broutilles. Je crois vous avoir vu assise et prise en charge par les secouristes et je me suis dit : qu’elle doit être bien peinée cette fille de ne pas pouvoir finir et être acclamée par le public sur la ligne d’arrivée…
C’est une sacrée blessure que vous avez et j’espère de tout cœur que vous allez pouvoir participer à ce mythique marathon de New-York et surtout pouvoir le terminer ! Je vous le souhaite sincèrement. Bien à vous
Super performance ! Il n’y a pas d’âge pour la course à pied ! L’important est de se faire plaisir ! Merci beaucoup pour votre message !
Ma princesse nous aussi on etait là et on t’attendait pour t’encourager ….mais tu n’as pas pu arriver jusqu’a notre poste et notre angoisse etait grande
J’ai rencontré sur une autre course les dames de la protection civile qui ton reconforté ,et elles t’envoient leurs meilleurs voeux de guerison
Gros bisous de nous trois
Merci Tatie pour tes mots doux ! J’ai voulu tenir au moins jusqu’à vous car je pense qu’à 17,77 vous n’étiez plus très loin… ça sera pour l’année prochaine ! Bisous